Intervention à l’assemblée plénière des évêques de France. Pour une nouvelle dynamique de la coopération missionnaire

Intervention à l’assemblée plénière des évêques de France. Pour une nouvelle dynamique de la coopération missionnaire
Intervention à l’assemblée plénière des évêques de France. Pour une nouvelle dynamique de la coopération missionnaire
Intervention à l’assemblée plénière des évêques de France. Pour une nouvelle dynamique de la coopération missionnaire
Intervention à l’assemblée plénière des évêques de France. Pour une nouvelle dynamique de la coopération missionnaire

Une délégation de six personnes s’est rendue à Lourdes pour intervenir à la session plénière des évêques de France, tenue du 5 au 10 novembre 2024. Elle était composée de Son Éminence Fridolin Cardinal AMBONGO, archevêque de Kinshasa, président du Symposium des Conférences Épiscopales d’Afrique et de Madagascar et président de la Commission pour les Relations avec les États et les Institutions gouvernementales pour le Pacte Éducatif Africain, de Son Éminence Antoine Cardinal KAMBANDA, archevêque de Kigali et président de la Commission pour les Relations avec les Conférences Épiscopales et les Congrégations Religieuses pour le Pacte Éducatif Africain, de Son Excellence Monseigneur Gabriel SAYAOGO, archevêque de Koupéla au Burkina Faso et Co-Président Sud de la dite fondation, de Son Excellence Monseigneur Inacio SAURE, archevêque de Napula au Mozambique, du Révérendissime Père Bernard LORENT TAYART, abbé de Maredsous en Belgique et Co-Président Nord de la dite fondation. Il était également présent le professeur Jean-Paul NIYIGENA, secrétaire général de la Fondation.

 

Mentionnons que cette présence a été une suite à la rencontre organisée par la Fondation Internationale Religions et Sociétés à l’abbaye de Maredsous en mai 2021. Elle portait sur la thématique de la formation continue des agents pastoraux et plus précisément sur les agents pastoraux venus d’autres Églises. Y étaient présents les évêques africains, belges et français : Son Excellence Monseigneur Fulgence MUTEBA, archevêque de Lubumbashi en République Démocratique du Congo, Son Excellence Monseigneur Philippe RUKAMBA, évêque émérite de Butare au Rwanda, Son Eminence Antoine Cardinal KAMBANDA, archevêque de Kigali au Rwanda, Son Excellence Monseigneur Gabriel SAYAOGO, archevêque de Koupéla au Burkina Faso, Son Excellence Monseigneur Johan BONNY, évêque d’Anvers en Belgique, Son Eminence Jean-Marc AVELINE, archevêque de Marseille, Son Excellence Monseigneur Jean MBARGA, archevêque de Yaoundé au Cameroun, le Révérendissime Père Abbé Bernard LORENT TAYART, abbé de Maredsous, le Révérend Frère René STOCKMANN, supérieur général des frères de la charité, le Père Partick ISSOMO MAMA, prêtre camerounais en mission en Italie, et le professeur Jean-Paul NIYIGENA.

L’objet de la présence de cette délégation à Lourdes consistait à explorer, avec les évêques français, la question de la coopération missionnaire, en général, et de celle de la mission assumée par les prêtres, religieux et religieuses africains dans l’Église de France, en particulier. Le contexte politique et culturel qui règne entre les pays du Nord et ceux du Sud, plus spécifiquement ceux de l’Afrique et la France, est marqué par un changement radical en termes de rapports. Beaucoup de pays africains, surtout en Afrique de l’Ouest, ont manifesté leur volonté d’entretenir de nouvelles relations avec les pays occidentaux. Ils revendiquent plus d’autonomie et de souveraineté voire de respect. Dans l’Église catholique, ce que l’on peut appeler le phénomène africain autour de Fiducia supplicans a témoigné d’une différence culturelle de plus en plus assumée entre les Églises d’Europe et les Églises d’Afrique. Le contexte de l’affaiblissement de la place de la culture occidentale dans le monde et de l’affirmation des cultures du Sud est donc à comprendre comme un appel à repenser notre manière d’être catholique, aujourd’hui. 

C’est dans ce contexte de changements voire de crises que les Églises continuent à vivre leur communion à travers la présence de plus en plus importante des prêtres, religieux et religieuses africains dans les diocèses de France. Comme l’affirme le Saint-Père, « Nous vivons un changement d’époque et non pas une époque du changement ». Cela justifie l’urgence de discerner sur ce que l’Esprit veut que l’Église fasse dans ce changement d’époque. L’intervention de la délégation s’est articulée autour de quelques éléments importants, à savoir le changement de la conception de la mission dans l’Église. Aujourd’hui, en effet, la mission ne consiste plus dans l’annonce de l’Évangile chez les peuples appelés « païens ». Tout baptisé et toute Église sont appelés à être missionnaire au sein de leur communautés chrétiennes comme dans les communautés lointaines ou proches. La présence des prêtres, religieux et religieuses, voire laïcs africains dans les Églises du Nord témoigne de la maturité des Églises d’Afrique. Il s’agit des fruits de l’œuvre des missionnaires européens qui a été à l’origine de l’Église d’Afrique. Cependant, cette présence interpelle les pasteurs à plusieurs niveaux. Mentionnons les obstacles à l’épanouissement personnel et vocationnel des africains remplissant des missions ecclésiales en Europe. Ces obstacles peuvent être la solitude, le décalage culturel et administratif, les difficultés d’intégration, le rapport au temps, à l’autorité, les conditions d’arrivée, etc.

Ces obstacles et d’autres non repris ont un impact négatif sur les Églises d’accueil et les Églises d’envoi. Ainsi, on observe qu’il existe agents pastoraux perdus dans la nature, d’autres se livre à l’alcool à cause de la solitude, etc.

Pour renforcer et améliorer cette coopération missionnaire entre les Églises, la délégation a exprimé sa volonté de mettre en place un institut internationale de missiologie et de pastorale qui prendra en charge la préparation des candidats et l’accompagnement des agents pastoraux africains  et européen en mission aussi bien dans les Églises du Nord que dans les Églises du Sud. La délégation a sollicité les évêques français pour collaborer à la réalisation de ce projet. 

Sur le plan théologique et ecclésiologique, il a été rappelé que les prêtres, les religieux et les religieuses africains ne sont pas dans les Églises pour boucher les trous en conséquence de la diminution des vocations sacerdotales ou à la vie consacrée. La présence des agents pastoraux venus d’autres Églises, en l’occurrence, des Églises d’Afrique, est un signe concret et vivant de la communion, de la circularité des dons et des grâces de l’Esprit Saint dans les Églises. Cela doit être vécu dans l’Église comme un Kairos, comme une volonté de Dieu qui veut dire quelque chose d’important à l’Église de notre temps, à travers cette présence d’autres Églises dans nos Églises particulières. Il s’agit d’une présence qui invite à la conversion aussi bien des Églises d’envoi que celle des Église d’accueil. Au moment où nos sociétés sont de plus en plus tentées par le repli identitaire, la xénophobie, le rejet de l’autre, la nouvelle dynamique de la coopération missionnaire nous invite à être Église autrement, à vivre l’hospitalité comme une valeur judéo-chrétienne importante et dont notre monde a tant besoin.

Dans son mot de clôture,  Son Excellence Monseigneur Éric de MOULIN-BEAUFORT, archevêque de Reims et président de la Conférence des évêques de France, a appelé au développement de la théologie de l’évangélisation, à la conversion de nos représentations de la mission et à collaborer avec les universités catholiques pour mettre en place, en Afrique, cet institut international de missiologie et de pastorale qui sera, entre autres, au service de la coopération missionnaire en vue d’outiller nos Églises du Sud et du Nord à mieux vivre les dons de la foi appelés à circuler et à faire vivre l’Église universelle, à témoigner de notre catholicité.